Tout d’abord, ayant le même vocable, St Sernin de Toulouse et l’église de Daumazan sur Arize ne répondent pas pour autant aux mêmes besoins : l’une étant une église à reliques et l’autre une église paroissiale, d’où un plan différent. St Sernin de Toulouse est un édifice de pèlerinage, imposant : une nef à trois vaisseaux, donnant sur un large transept saillant. Daumazan, rattachée au comté de Foix en 1002, est une petite église paroissiale recevant ses humbles dans une structure aux dimensions réduites.
Et le principe de la nef unique est présent notamment à St Etienne de Toulouse et à St Bertrand de Comminges. La cathédrale Ste Marie de St Bertrand de Comminges, du XIVeme siècle (conçue et financée par le pape Clément V) possède une nef unique large de 16m, pour une longueur de 55m. La nef unique du gothique méridional est le plus souvent caractérisé par d’énormes structures sans bas-côtés et construite sans supports intérieurs.
Le chevet tripartite de Daumazan rappelle celui de St Jean de Verges et l’église d’Ourjout. A Saint Jean de Verges deux absidioles encadrent l’abside et ne s’ouvrent pas sur un transept mais sur deux retraits qui semblent ne pas faire partie de la nef. La puissance, de chaque côté, du troisième pilier indique l’intention d’élever des transepts et même un clocher central. Cette abside est ajourée par trois fenêtres dont l’archivolte repose sur des colonnettes par des chapiteaux ornés de feuillages et d’animaux. L’archivolte est entourée jusqu’au tailloir d’un bandeau orné de boutons.
Quant à la sculpture romane elle allie le désir de produire des ornements à celui d’instruire le public. On retrouve cette double tendance jusque sur les chapiteaux de très hautes colonnes.
L’idée qu’il existe une loi universelle basée sur le symbolisme du monde vient des temps les plus reculés. En 1047, le moine Raoul Glaber établit un système selon lequel tous les mouvements de l’univers sont gouvernés par des combinaisons de quatre unités. Il associe par exemple les quatre Evangélistes aux quatre éléments (l’air, le feu, l’eau et la terre). De la même façon, les quatre vertus la justice, la prudence, le courage et la tempérance) forment le complément des quatre fleuves du Paradis. Il va même jusqu’à associer chacun des évangélistes avec une vertu particulière, un élément particulier (Matthieu est identifié à la terre et à la justice ; Marc, à l’eau et à la tempérance.
A Daumazan restent les bases et une partie des colonnes engagées. Celles ci nous offrent cette particularité d’être munies, aux angles, de griffes en forme de pied chaussé d’une pantoufle, ornement que l’on constate dans d’autres églises ariégeoises, à St Lizier et à Ourjout.