En effet l’église de Daumazan se présente comme une trace contrastée du passé, un passé tout d’abord fortement roman comme en témoigne la plus ancienne partie de l’édifice mais également gothique avec la nef. Enfin Daumazan s’inscrit dans sa région de part ses traits communs à d’autres édifices que nous évoqueront plus loin.
En premier lieu il est intéressant de s’intéresser à Saint Sernin à l’époque romane. Primitivement, l’église comprenait une nef à vaisseau unique terminée par une abside et flanquée de deux bas-côtés avec absidioles qui ne subsistent plus aujourd’hui. Elle a été consacrée en 1156 comme en témoigne une pierre dont nous parlerons plus loin.
Entre l’ouverture de l’abside et l’entrée des absidioles se trouvent les bases et les colonnes engagées dont les chapiteaux reçoivent la retombée de la première arcade mettant en communication la nef et les bas côtés. Les bases présentent la particularité d’avoir, aux angles, des griffes en forme de pied chaussé d’une pantoufle.
L’abside, voûtée en cul de four, est ajourée par trois fenêtres qui ces dernières sont ornées de vitraux. L’archivolte repose sur des colonnettes par des chapiteaux ornés de feuillages et d’animaux.
Les vitraux et ce bloc monolithique de pierre blanche infusent de la lumière comme si celle-ci provenait de la Jérusalem Céleste, la Cité promise aux Elus.
De plus, dans la base du clocher actuel, se trouve une inscription provenant de la première église. Elle est gravée sur une pierre quadrangulaire mesurant soixante centimètres et demi de largeur. L’inscription relevée en 1907 est en latin. La hauteur des lettres de l’alphabet est de quarante millimètres ; celles des autres lettres de trente millimètres. A.B.C.D.E.F.G.H.I.J.K.L.M.N.O.P.Q.R.S.T.U.V.W.X.Y.Z. VIRGINIS A PRTV QVI SPI CLARV IT ORTV ANNO MILLENO CENTENO QVO MINVS VNO QVINDECIES IVLIO FEBE LV MINE TRACTO IHRLM FRACI CAPIVNT VIR TVTE POTENTI ANNO M.C ANNO AB INCARNATIONE DOMINI M.C.L & VI Ce qui peut se traduire par : De l’enfantement de la Vierge, illustré par la paternité du Très-Haut, l’an mil et cent moins un ; Phébé ayant déjà sur lui quinze nuits de juillet, les Français s’emparent de Jérusalem par leur valeur puissante. L’an 1100. L’an de l’incarnation de notre Seigneur 1156.
Dans cette inscription il y deux parties distinctes. Tout d’abord l’alphabet qui précède et la date de 1156 qui la suit : tout deux se rapportent à la consécration de l’église. Il était en effet courant que lors de la cérémonie de consécration de l’église l’évêque trace ou oint un alphabet. Ainsi les alphabets gravés sur certains monuments témoignent de l’onction reçue comme « croix de consécration ». Pour ce qui est de l’intérieur même de l’inscription, ce sont des vers destinés à perpétuer le souvenir de la prise de Jérusalem par les Croisés °1 le 15 juillet 1099. Cette inscription est d’une valeur considérable pour la chronologie des églises romanes du pays de Foix.
A l’extérieur le chœur et l’abside se distinguent entre les deux absidioles absolument nues, percées seulement en leur milieu d’une étroite fenêtre dont le cintre est évidé dans un linteau. L’abside est appuyée par deux contreforts, terminés en colonnes engagées, dont les chapiteaux terminaux ont disparut avec la corniche. A propos des colonnes, des chercheurs ont notés que deux colonnes de marbres blancs été de remploie et dataient certainement de l’antiquité (1).
De plus, l’abside est ajourée par trois larges fenêtres , aux archivoltes unies retombant sur des colonnettes à chapiteaux couverts de feuillages lisses ou avec des boutons, d’entrelacs, d’animaux. Un des chapiteaux de la fenêtre nord du chœur de Daumazan est orné des quadrupèdes, dont la tête est commune et soutient la volute s’enroulant sous l’angle du tailloir. Deux baies semblables éclairent le chœur. L’archivolte est enveloppée d’un large chanfrein avec plusieurs rangs de billettes, et le tailloir des chapiteaux, orné de même, se continue en un bandeau autour de l’abside en contournant mêmes les colonnes des contreforts.
A cette même époque on peut attribuer un petit bas relief assez fruste, placé à l’extérieur prés de l’absidiole sud. Il représente le martyr de Saint Sernin traîné par un bœuf.