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Le Charme de Daumazan en 1887

Ces extraits sont tirés de la « monographie de la commune de Daumazan », écrite en 1887, par Mr Palmade, instituteur de la commune.

Le village était bien différent à cette époque là. Bien sûr, les collines qui l’entourent sont les mêmes, mais leur aspect a changé. Il y a cent ans, elles étaient entièrement travaillées de vignes et de cultures diverses. Les arbres fruitiers les paraient de fleurs au printemps, et les fruits y mûrissaient en abondance. Aujourd’hui, la nature sauvage en a repris possession en grande partie, les couvrant de taillis et de buissons inextricables.
Retrouvons donc notre instituteur qui était aussi un poète et savourons la description qu’il fait de la campagne daumazanaise. Son récit est empreint de charme et devient même lyrique lorsqu’il compare notre village « à un nid de tourterelles placé au milieu d’un épais buisson », ou lorsque notre Arize débordant de son lit est assimilée aux eaux fertilisantes du Nil ! Mais qu’importe ! Cette émotion, ce lyrisme expriment l’amour qu’il porte à notre village. Et c’est là l’essentiel. C’est aussi ce qui peut faire croire que ce Daumazan de 1887 intéressera encore ses habitants d’aujourd’hui.

Monographie de la commune de Daumazan

(Situation géographique)

« La commune de Daumazan est située dans la riche et belle vallée de l’Arize. Elle est adossée à cette colline qui va rejoindre les rives enchanteresses de la Garonne. Elle a pour limites, au nord la commune de Castex, à l’est le Carla Bayle et Campagne, au sud Campagne et Montbrun et à l’ouest Montbrun et la Bastide de Besplas.
Daumazan est à 12 kms du Mas d’Azil, à 32 Kms de Pamiers et à 39 kms de Foix. Notre chère localité a une étendue moyenne. Elle a 842 hectares de terrains variés, donnant un revenu imposable de 15 800 francs. Cette surface se compose comme suit :

Désignation des contenances Nombre d’hectares
Prairies naturelles
Vignes
Labourables
Bois
Terres incultes 100 hectares
200 hectares
4986 hectares
20 hectares
26 hectares
L’étendue de Daumazan est parsemée de coteaux et de petites plaines d’une végétation luxuriante.
Elle est traversée par la rivière de l’Arize qui donne son cours à la vallée toute entière, le débit de notre cours d’eau est d’environ 2m³ par seconde, non seulement son eau contribue à une bonne hygiène, mais elle met en mouvement plusieurs usines, notamment la minoterie importante de Mr Sans – Leroy.
Les bords de l’Arize sont si riants, si productifs qu’un disciple de Chateaubriand a cru devoir les chanter en vers pompeux dans un ouvrage intitulé, « l’Atlangolide ».
Dans les temps ordinaires, l’Arize rend de grands services au pays. Malheureusement, à diverses époques de l’année, lasse du séjour de son lit normal, il lui prend la fantaisie d’explorer la vallée. Alors, elle devient l’effroi des habitants, elle inonde nos maisons et couvre la plaine. Sans être périodiques comme ceux du Nil, ses débordements sont assez fréquents. Ce qui cause effroi est aussi un sujet de richesse pour Daumazan. Quand la rivière déborde, l’eau couvre la plaine et y dépose un limon excessivement fertilisant. Cette terre annuellement amendée devient la rivale de celle de la riche Égypte.
Dans les plus fortes crues, le niveau des eaux de l’Arize atteint 3 mètres au dessus de l’étiage. Elle a pour affluents sur sa rive gauche les impétueux ruisseaux de Montbrun et d’Argein. Le premier est souvent la terreur des habitants de Daumazan : pendant la période des orages, il sort souvent de son lit et, plusieurs fois dans l’année, ses eaux inondent une partie de notre ville. Les affluents de la rive droite sont sans importance. Je ne citerai que le ruisseau de Gaou qui a sa source à seulement 5 kms de son confluent. Daumazan a des sources nombreuses et abondantes.
La nature du sol est assez variée, il est argilo – calcaire au nord, dans la région des coteaux, d’alluvions dans la plaine, siliceux dans la région du sud. Dans son ensemble, le territoire de Daumazan est assez varié. Son altitude est de 245 m à la ville et de 343 m aux lieux les plus élevés : les coteaux de Lancire et ceux de Castex, par exemple.
Le climat de Daumazan est doux, sa température moyenne est de 10° au dessus de zéro. Nous avons, durant l’hiver, des neiges et des glaces. Mais, le froid, dans l’époque critique de l’hiver, n’est pas alimenté par la forte bise que l’on ressent dans d’autres endroits. Cela est dû sans doute aux montagnes de Montbrun qui l’abritent au sud, et aux coteaux de Castex qui l’abritent au nord. Nous n’avons guère de vents forts pour la raison que je viens de signaler.
Cependant, dans les mois de mai et de juin, nous avons quelquefois des ouragans qui sont précurseurs d’un orage. La chaleur de juillet et d’août y serait insupportable si elle n’était pas tempérée par la bise qu’amène avec lui le courant de l’Arize.
Dans notre commune, les pluies sont assez fréquentes et d’une intensité qui ne dépasse généralement pas la moyenne.
Daumazan est assez sain. Grâce à l’Arize et à l’abondance des fontaines publiques, notre ville est dans un état de propreté irréprochable. Aussi avons – nous rarement des épidémies intenses à déplorer. Il ne saurait en être autrement. La classe dirigeante de notre ville est trop érudite pour ne pas apporter tous ses soins dans les mesures à prendre afin d’obtenir une salubrité aussi parfaite que possible.
Vu à vol d’oiseau, notre ville ressemble à un nid de tourterelles placé au milieu d’un épais buisson. Daumazan, en effet, est entouré de verdure et de fleurs. Nos coteaux sont couverts de vignes, et la plaine présente un tableau varié où alternent les prairies et les cultures diverses. On rencontre cà et là de petits cours d’eau, trop petits certainement pour leur donner un nom et une importance hydrographique quelconque, mais qui sont pour le sol d’une grande utilité car ils servent de réservoir.
L’un d’eux mérite pourtant quelque attention à cause de son nom (ruisseau d’argent). D’après la tradition, ce petit cours d’eau aurait charrié des paillettes d’argent, ce qui ferait supposer qu’une mine argentifère serait dans le voisinage de Daumazan. Toutefois, je ne garantis pas l’exactitude de ce fait, ni ne ferai la moindre dépense pour le rechercher. J’ai la conviction que mes efforts demeureraient stériles. »

Ici se termine la description géographico – poétique de notre village. Il y a encore dans cette étude beaucoup d’autres renseignements sur la vie de nos ancêtres….