La belle esplanade dite du Champ de Mars n’a pas toujours été cet agréable lieu du village joliment ombragé par de vénérables platanes où les daumazanais célèbrent annuellement leur fête locale.
Lorsque Daumazan était encore un village fortifié de hauts murs percés de sept portes, le lieu dit « Le Bastion » était un terrain hors des murs où les militaires qui assuraient la sécurité de Daumazan s’entraînaient au maniement des armes.
En 1816, à la suite d’un échange entre la commune et le marquis de Sers, ce dernier céda une parcelle de terrain sur la pièce dite « le Bastion » qui lui appartenait, contre un terrain municipal dit « les Oums »( probablement les ormeaux ?), jouxtant ses propriétés, situé à la guinguette le long de la rivière et qui aboutissait à la chaussée existant alors entre les deux rives devant la « punto dé Vitoire ».
Ce nouveau terrain communal sera planté d’ormes et affermé en 1820 pour cinq ans. On l’appelle alors le « Jardin Royal ». A l’expiration de ce bail en 1825, la municipalité décide de récupérer ce lieu qui est appelé pour la première fois Champ de Mars et décide d’en faire une promenade publique.
En 1827, on retrouve la désignation « Jardin Royal ». Le marquis de Sers, devenu maire de Daumazan, explique dans un exposé au Conseil que «
- 1°) la promenade dite « Jardin Royal » se trouve dans un état de délabrement depuis qu’ elle n’est plus affermée, attendu que presque tout le public y amène journellement les cochons qui déracinent les arbres et les font périr.
- 2°) que ces animaux malfaisants( Oh !…. mais combien savoureux) y font des excavations, ce qui fait que les eaux y croupissent et empêchent les ormeaux( qui déjà promettent beaucoup) de croître.
- 3°) que pour leur conservation et leur croissance qui serait plus rapide par le moyen de travailler ce terrain il serait d’avis de l’affermer de nouveau pour quatre années seulement après lesquelles il croit que les arbres seront assez gros pour ne plus être exposés au dépérissement ».
Le Conseil considérant sans doute ces propositions pleines de sagesse approuve à l’unanimité la proposition.
Dans les années qui suivent si incidemment ce lieu est cité, c’est toujours sous l’appellation de « Champ de Mars ». Il n’est plus jamais question de « Jardin Royal ». On peut raisonnablement penser que ces deux dénominations reflètent le sentiment politique des divers conseils municipaux, les uns royalistes, les autres nostalgiques de la République….
En août 1856, le Conseil Municipal décide de couper et de vendre « le petit nombre d’ormes qui restent encore sur la promenade dite du Champ de Mars avant que la maladie ( déjà !!) qui tous les ans en fait perdre quelques-uns, ne les ait atteints complètement et ne prive ainsi la commune du revenu avantageux qu’elle peut en retirer aujourd’hui ». Et on décide leur remplacement par des platanes, « afin que l’établissement des sœurs en projet puisse jouir déjà dans ses premières années de l’agrément que la commune veut lui ménager en appropriant les allées et en les disposant de la manière la plus convenable pour la régularité dudit établissement ».